· 

Mon enfant doit il faire de la compétition ?

ATYPIQUE

Ado lanceuse de marteau à Périgueux : autant vous dire que c’était plutôt atypique dans les années 90, d’autant plus que c’était le début de la féminisation de cette discipline. Mon quotidien rimait à : école, stade, devoir, maison. J'ai été heureuse comme ça. Ma maman m'a demandé une année : « on reprend une licence en septembre ? ». La question me semblait absurde. Bien sûr ! La question n'avait pas lieu d'être.

ENGAGEMENT LUCIDE

Jamais je n’ai cru que je serais championne olympique ou du monde. Mon ambition était d'être dans les meilleures. J’étais une athlète pleinement dévouée à ce que je faisais. Même avec le courrier de la fédération dans les mains m’informant que j’étais dans les athlètes suivis pour les JO de Sydney. Je savais que je ne pouvais pas me fixer cet objectif. Ce n’était pas un manque d’ambition, mais plutôt de la lucidité.

QU'EST-CE QUE TU CROIS ?

Je me rappelle les moqueries de professeur au collège devant les autres élèves : « Qu'est ce que tu crois, ça t'apportera rien. » Ou au lycée : « ce n'est pas ton sport qui va te faire vivre ». A mes parents, j'exprimais ma colère. Je ne comprenais pas que l'on puisse me mettre la honte devant toute la classe.

Il y a eu aussi cet entraîneur régional : « tu es trop petite, il faut que tu grandisses ». J'avais peut être 16/17ans, comment tu fais pour grandir quand tu es petite ?

Tous ces gens avaient raison. Je n'ai jamais été championne. Je n'avais pas le bon gabarit pour le lancer de marteau (aux lancers, plus on est grand, mieux c’est. Je fais 1m60). Je ne vis pas de ma discipline.

FACE A LA DECEPTION DE SOI

Il y a eu toutes ces fois où je n'ai pas su être bonne le jour J. Où lors des championnats de France, je n'arrivais pas à faire la « perf ». Où avec le stress, la pression, je ressortais déçue de mon résultat, déçue de moi-même. Où tous ces jours (années) d'efforts, se retrouvaient être comme gâchés. Je me suis beaucoup énervée, j’ai beaucoup crié, j’ai pleuré aussi.

MURIR PLUS VITE

Pour autant, jamais, je me suis dit : « j'arrête », « je n'y arriverai jamais », ou j'ai eu l'envie de raccrocher les chaussures. Dans ma tête chaque saison, je reprenais avec cette même envie de battre mon record, d'être meilleure. La motivation, la persévérance, l'abnégation, la résilience, était là.

  

Un jour, une professeur au lycée m’a demandée de rester à la fin du cours. Elle voulait me parler de sa fille. Du moins, elle voulait me poser une question en tant que maman. Sa fille faisait de l’équitation. Elle se demandait si elle devait l’autoriser à faire de la compétition. Je devais avoir 16 ans, je lui ai répondu « oui ». J'ai justifié ma réponse : «elle ne sera peut-être pas championne du monde, mais cela lui donnera une force de caractère pour toute la vie ». Elle m’a remerciée.

APPRENDRE POUR SOI

Les leçons de cette expérience :

 

Fait avec ta singularité même si tu n'es pas compris.

Fait ce que tu aimes pour toi par rapport à tes propres motivations.

Il n’y a pas de résultat sans travail.

On n'obtient pas toujours le résultat espéré, mais il y a toujours une réussite à en tirer.

Compter le nombre d'heure à travailler ne sert à rien.

  

L'échec, la déception, la désillusion, la souffrance, la honte, la frustration, mais aussi la motivation, la persévérance, l'abnégation, la résilience, la joie, la satisfaction, la réussite... Ce vécu sur le stade a construit cette force de caractère qui m’anime chaque jour.

UNE EXPERIENCE QUI SERT

Si vous hésitez à faire participer vos enfants aux compétitions, aux spectacles de fin d'année..., pour le protéger des émotions qu'il pourrait y vivre. J'ai envie de vous dire. N’hésitez plus. Ne visez pas la lune pour lui, mais accompagnez-le à prendre ce qu'il a apprendre pour l'adulte futur qu'il sera.

 

J'aime cette phrase qui dit que : "faire à la place d'un enfant, c'est lui ôter la possibilité de réussir." Réussir peut pouvoir dire tellement de choses.

Écrire commentaire

Commentaires: 0